L'écotourisme, un nouvel eldorado ?
L'idée de l'écotourisme est née dans les années 80 au Costa Rica : le but premier était alors d'utiliser les revenus du tourisme pour préserver la nature. Depuis, le pays est devenu une référence en matière d'écotourisme avec ses 21 parcs nationaux et près d'un quart de son territoire protégé.
Dans la lignée du Costa-rica, de nombreux états qui avaient déjà aménagé des reserves naturels pour protéger la biodiversité et garder les espèces animales dans leur habitat naturel ont construit un véritable projet écotouristique autour. C'est notamment le cas de l'Afrique du Sud avec le grand Parc naturel de Hluhluwe-Imfolozi dans lequel l'observation des espèces par les touristes s'effectue de façon raisonnée. En effet, un quota a été mis en place, qui limite l'afflux de véhicules sur une partie du parc et en interdit totalement l'accès sur l'autre partie. Le choix est alors laissé aux touristes de compléter la visite à pied ou à cheval.
Dans d'autres endroits du monde, les reserves naturels sont autant d'occasions de concevoir des activités lucratives, permettant de sensibiliser le visiteur à la protection de la faune et de la flore et à l'acquisition de gestes simples à visée écologique. Ces initiatives limitent également la désertification des zones rurales en maintenant un pool d'emplois autour de l'activité touristique ainsi créée.
En 2002, la Déclaration des Nations Unies de Québec, établie lors du sommet mondial de l'écotourisme, a posé les bases sur lequel peut désormais s'appuyer le développement de l'écotourisme dans le monde entier. Elle prend en considération des domaines comme la réglementation ou le coût d'un tourisme éthique, et propose des outils afin d'accorder les initiatives gouvernementales et privées dans ce domaine.
Un peu partout dans le monde, des institutions internationales et européennes ont également vu le jour pour promouvoir l'écotourisme. Près de nous, l'Association Française d’Écotourisme conseille et diffuse des informations sur le tourisme durable. L'offre en France restant relativement marginale, même si des les initiatives écotouristiques voient régulièrement le jour, on peut espérer que cette institution, en s’appuyant sur les bases du tourisme rural déjà bien implanté en France, augmente rapidement l'offre de séjours écologiques dans notre belle nation.
Ces initiatives et ces organisations ont toutes en commun d'agir dans le but de protéger et valoriser les sites naturels fragilisés par l'action de l'homme et menacés de disparition. Elles sont également là pour développer les initiatives locales en créant des emplois visant à maintenir les populations sur leur lieu d'origine.
Même s'il n'existe pas de label écotourisme à proprement parler (comme pour les produits alimentaires biologiques), un "code du Touriste et Voyageur Responsable" (approuvé par le Comite International du Tourisme éthique en 2005) existe qui reprend les différents points visant à promouvoir un tourisme écologique, respectueux de l'environnement et soucieux de limiter l'impact sur les espèces animales et végétales, mais également sur les populations autochtones.
Privilégier le tourisme de proximité est également une vocation de l’écotourisme, le principal avantage étant de limiter l’impact des transports sur l’environnement. De la même façon qu'est encouragé l’achat des denrées alimentaires auprès de petits producteurs locaux, les décideurs gouvernementaux et locaux peuvent valoriser le fait que l’aventure existe également à notre porte et qu’il n’est pas nécessaire d’aller loin et de prendre l’avion pour découvrir de magnifiques espaces naturels protégés.
Les dérives du tourisme traditionnel
Autrefois réservé à une élite, le tourisme s'est aujourd'hui démocratisé et est devenu un tourisme de masse. Cette ouverture à un large public qui est parfois exigeant sous prétexte qu’il paye, a vu arriver son lot de dérives en tous genres. Trop de voyageurs oublient de se poser les questions fondamentales sur l'écologie des sites visités durant leur séjour. Et il est tellement tentant de rapporter un petit bout de corail qu’on a soi-même prélevé lors d’une plongée au-dessus de la grande barrière ou ce joli coquillage, pourquoi pas ? Et... comment ça ? Il n’y a pas de poubelle au cœur de la foret amazonienne ? Quelle honte ! Qu’à cela ne tienne, cachons notre sac d’ordures sous une fougère ! Je caricature, peut-être, mais à peine.
Beaucoup d’autres voyageurs rêvent de nager avec les dauphins, d’approcher les baleines ou de caresser le dos d’une raie en pleine mer, mais ont-ils pensé à l’impact de telles pratiques sur les animaux ? Sans compter les nombreux exemples rapportés de part le monde sur la maltraitance des animaux destinés au tourisme : une balade à dos d’éléphant vous tente ? Vous y réfléchirez peut-être à deux fois quand vous saurez qu’en Thaïlande, les éléphants finissent par mourir d’épuisement juste pour le plaisir de quelques touristes en mal d'exotisme.
Quant au tourisme dit "en pleine nature", sous prétexte de sensibiliser les touristes aux espaces naturels, on l’invite au cœur d’un écosystème sensible et qui peut être durablement fragilisé par la seule présence de l’homme. Sans compter que l’accès à ces sites nécessite souvent la mise en place d’infrastructures routières ou aériennes sans compter la construction d'ensembles hôteliers démesurés, pour la simple raison que le touriste traditionnel n’a pas forcément envie de se fatiguer à traverser une nature, parfois considérée comme hostile, à pied et chargé d’un sac à dos.
Enfin, combien d'espaces côtiers ont été envahis par des hôtels en béton qui ne défigurent pas seulement le paysage, mais asphyxient aussi totalement certaines régions du globe qui n'ont pas la capacité d'absorber les ordures générées par ces milliers de touristes, ni celle de recycler suffisamment d'eau douce pour les satisfaire.
Les impacts positifs de l'écotourisme
Pour impacter positivement la planète, l'écotourisme doit donc absolument s'intégrer dans une démarche durable et globale du lieu visé. Il ne suffit pas de penser à protéger les espèces animales et végétales, si cela s'effectue au détriment des populations locales. Il est donc indispensable de développer la curiosité de l'éco-voyageur pour qu'il s'intéresse aux coutumes locales, à la façon dont les gens vivent et qu'il soit même prêt à s'y adapter.
C'est d'ailleurs le pari réussi d'un séjour organisé sur le Rio San Juan (Nicaragua) dans le but premier de découvrir la forêt tropicale en descendant le fleuve dans des petites embarcations sans moteur, mais où le voyageur est en même temps convié à partager la vie des producteurs de cacao.
L'eau est une richesse naturelle dont la protection va devenir un des enjeux majeurs des prochaines années. Il est donc important de profiter du temps des vacances pour sensibiliser les touristes aux gestes simples pour économiser l'eau, notamment dans les îles où l'accès à l'eau potable est parfois un véritable défi. Sur l'île Maurice, des initiatives dans ce sens ont vu le jour avec des piscines sans chlore et la mise en place de moyens pour récupérer l'eau de pluie pour arroser les jardins hôteliers..
Pour conclure, même s'il existe une volonté forte des états d'agir dans le sens d'un tourisme plus écologique, que ce soit en France ou dans le reste du monde, l'écotourisme ne pourra se développer sans un changement majeur des mentalités afin que chaque personne qui part en vacances prenne conscience de l'importance d'adopter une attitude respectueuse de l'environnement et des hôtes qui l'accueillent.